Florentine van Thiel est équi-coach, business coach et coach de vie. Passionnée
par les dialogues que l'on peut entretenir en soi et par la
communication interespèce, elle a constaté que beaucoup d'animaux et
plus particulièrement les chevaux étaient d'excellents thérapeutes ! Pourquoi
le cheval ? Le cheval vous arrête dans la dictature d’être quelqu’un
d’autre pour asseoir vos réelles compétences.
Chevalliance est une activité de horse coaching créé par Florentine van Thiel. Parce que la plupart de nos problèmes sont de nature relationnelle, la base de notre approche est l'apprentissage socio émotionnel. Le lien au cheval reconnecte à la Nature, à l'environnement et aux valeurs essentielles. Ce cadre permet de se reconnecter à nos ressentis et par là de nous connecter à notre authenticité.
Chevalliance accompagne l’entreprise sur les thèmes de l’assertivité, du leadership, de la gestion d’équipe. L’accompagnement peut être individuel ou en groupe et peut se faire avec ou sans cheval. Chevalliance offre également des formations pour devenir équi-coachs.
Florentine, en quoi consiste votre travail avec les chevaux ?
FVT : Ce n’est pas facile à présenter et ma principale tâche consiste à expliquer ce travail… en fait c’est une question de ressenti ! Et dès que l’on parle de ressenti l’animal humain est en difficulté pour traduire en verbal ce qu’il ressent.
La plupart des gens qui viennent me voir sont des gens qui sont en difficulté émotionnelle et relationnelle, on va travailler presque essentiellement sur l’intelligence émotionnelle. D’abord il faut savoir ce qu’est une émotion ! Et pourquoi on les bloque, ce dont on n’est pas toujours conscient…
Or face à un cheval il n’y a plus de filtre possible parce que l’animal va aller toucher le coaché directement là où il en a besoin. Ce que nous coachs humains avons beaucoup de mal à faire car on est souvent empêtré dans notre propre émotionnel.
Quand je regarde les sujets de vos stages (Potentiels et confiance – Assertivité - Leadership - Gestion du stress), un manager peut venir travailler son leadership par exemple et je ne pense pas qu’il s’attende à travailler l’émotionnel.
FVT : Non, et il va certainement se retrouver en émotion face à un cheval. C’est pour cela que mes partenaires, Karine Aubry et Anne Thiebault, et moi-même avons mis en place des parcours en invitant les stagiaires à commencer par la première marche. On s’est retrouvé avec des personnes occupant des postes de dirigeant qui venaient à des stages de leadership et qui en fait manquaient de confiance en eux. Comme si la compétence venait avec le titre alors que la confiance en soi était la première chose à travailler.
La base du leadership : la confiance en soi par Chevalliance
Est-ce que vous envisagez, parce que vous travaillez avec un cheval, qu’il faut y aller crescendo ?
FVT : Oui parce que le cheval ne vous fait pas de cadeau, il va s’adresser à vous dans l’état dans lequel vous êtes. Moi aussi j’ai pris ma claque quand je suis arrivée en équi-coaching. Je sortais d’une formation d’instructeur éthologique au Haras de la Cense et j’étais persuadée que je connaissais tout en ce qui concernait le cheval. Je peux vous dire qu’en deux coups de cuillère à pot je me suis retrouvée comme un petit tas au milieu de la carrière vraiment pas fière de moi. J’étais avec une amie extrêmement bienveillante, on était deux et j’en ai été très contente après coup… Donc quand je me retrouve avec des groupes qui passent par ces différents stades en étant avec des personnes qu’ils ne connaissent pas, je sais que c’est extrêmement inconfortable.
Le premier travail de l’équi-coach est donc de créer un cadre de bienveillance et de non jugement parce que le cheval lui au moment où il s’adresse à la personne, il est dans la bienveillance extrême et il va aller toucher le coaché là où il en a besoin. Vis à vis du groupe, un dirigeant va expliquer que tout va bien pour lui et qu’il a juste besoin d’un petit coup de pouce au niveau de sa communication, … ce n’est pas forcément cela que va lui dire le cheval !
Vous avez évoqué un parcours quel est-il ?
FVT : La première étape est la confiance en soi, la seconde étape est l’assertivité (prendre soin de sa communication et respecter la communication de l’autre), puis le leadership (entrainer les autres dans la vision que l’on a) et ensuite au choix selon les besoins du participant (gestion du stress, le développement des potentiels… accompagnement sur objectif personnel).
Si moi je fais un coaching avec ces différentes étapes, ce qui sera faussé car je n’ai pas le cheval ce curseur de vérité…, le coaché aura vite fait de me dire : « mais je n’ai pas de problème de confiance ! ». En fait les coachés viennent pour un objectif et au cours de l’accompagnement le problème de confiance apparait (parfois ils l’ont déjà identifié parfois non d’ailleurs).
FVT : C’est un peu la même chose pour nous puisque le parcours est proposé et non imposé, quand on est dans un stage de leadership et qu’en tant qu’équi-coach on se rend compte qu’il y a un problème de confiance en soi qui apparait, c’est clair que l’on va adapter notre questionnement par rapport à ce à quoi le participant s’est inscrit.
En fait le cheval n’étant pas de
parti pris, il va donner des informations qui vont droit au but si je puis
dire, on est là dans la couche émotionnelle !?
FVT : Exactement, on est plus dans l’intuitif !
Cela peut-il s’apparenter à un retour vers la nature et ce qu’elle peut nous enseigner ?
FVT : Complètement et en fait pour moi l’équi-coaching c’est la relation à soi, c’est la relation à l’autre et c’est aussi la relation à l’environnement par extension. Et quand une personne qui sort d’un bureau se retrouve dans un champ en totale liberté au milieu d’un troupeau de chevaux, c’est déjà quelque chose de complètement extraordinaire pour elle.
Le cheval joue un peu le rôle de la question puissante, vous n’avez pas vu cela en vous mais c’est ce que le cheval vous renvoie. Je me pose une question, si on veut surprendre un coaché dans son confort, c’est possible d’organiser une séance avec un équi-coach et un cheval sur un thème précis (émotion, respect ou estime de soi…) ?
FVT : Cela peut activer le coaching tout à fait ! Il y a quelque chose de différent qui va se produire et qui peut être très porteur pour le coaché.
En fait l’équi-coaching si je résume : c’est travailler sur une thématique particulière avec un cheval qui vous renvoie une image de vous qui va « appuyer » là où cela fait mal…
FVT : Vous connaissez certainement la fenêtre de Johari, les chevaux sont particulièrement efficaces sur cet outil. Au niveau du « soi public », ils vont permettre au coaché de vivre une expérience positive car si on se prend effectivement une claque avec un cheval, dès l’instant où l’on change quelque chose en soi, l’expérience devient positive. C’est pour cela qu’on apprend vite par la prise de conscience, on apprend vite que l’on peut changer d’état. Et donc cela devient quelque chose d’agréable.
Le cheval va s’adresser aussi aux trois autres parties de la fenêtre de Johary : le « soi aveugle », le « soi inconscient » et le « soi caché ». Alors qu’avec un coach, le coaché peut dans un premier temps ne pas vouloir jouer le jeu. Ce sont des prises de conscience inconfortables et cela va faire son chemin le temps qu’il faut pour ensuite pouvoir retravailler ce qui a émergé pendant le travail avec le cheval.
Quand on travaille l’assertivité par exemple, quel est l’avantage de le faire avec un cheval ?
FVT : L’avantage avec les chevaux, c’est la rapidité des prises de conscience. Le cheval va tellement vite et on est dans une société où tout doit aller vite… il faut savoir que cela peut être confrontant. On est dans de l’énergétique, on est dans du vivant, on est en extérieur aussi… c’est un ensemble qui fait que ce travail est plus rapide.
La base du leadership : l'assertivité non verbale par Chevalliance
Avez-vous des stagiaires qui ont des appréhensions par rapport aux chevaux ?
FVT : Il y a des personnes qui viennent me voir parce qu’elles ont peur des chevaux. Une dame entre autre qui était tétanisée, elle avait d’ailleurs d’autres phobies. Le matin du second jour de stage, elle est arrivée en expliquant que c’était un miracle car elle avait réussi à dormir seule dans le gite qu’elle avait réservé. Or la première journée avant de travailler avec les chevaux, je fais un petit exercice de sophrologie et cette personne est ensuite rentrée dans la prairie et est allée droit sur le plus grand de mes chevaux comme si elle avait fait cela toute sa vie. Elle était avec la banane d’une oreille à l’autre en disant que c’était merveilleux. Ceci dit le cheval vers lequel elle a été tout de suite, c’est celui qui va soigner toutes les personnes qui ont peur des chevaux. Il a ce don et vraiment c’est lui qui choisit les gens. Mais manifestement chez cette personne il a aussi soigné autre chose.
L’équi-coaching n’est-il pas un outil un peu en avance par rapport à la conscience que chacun peut avoir de soi et de son environnement ?
FVT : Oui je fais cela depuis 2008, et c’est la première fois que je suis appelé par une école de business en Suisse pour collaborer pour une journée expérientielle en équi-coaching pour des femmes dirigeantes d’entreprise venant des quatre coins de la planète. L’IDM à Lausanne fait cela depuis trois ans ce qui démontre que certains pays ont bien capté l’apport et l’efficacité de cette approche. C’est la première fois aussi que l’ICHEC (école de management) en Belgique fait appel à moi pour faire partie d’un jury de défense de mémoire dont le thème est le bilan du « horse coaching » en Belgique et son efficacité… Demain j’anime une formation d’équi-coaching et une des participantes qui sort d’une école de management veut travailler en entreprise. Donc je me dis qu’il y a des toutes petites graines qui ont été semées à droite à gauche et qui sont en train de germer mais que c’est très lent…. C’est extrêmement innovant, même si avant on parlait de prise de conscience rapide, c’est trop neuf parmi les nouvelles techniques de coaching et les gens sont un peu frileux en période de crise….